Immobilier

Nouvelles formes d’habitat : château de cartes ou réalité ?

01.11.2022

Christina Annen

Unique, personnalisé, subjectif. L'individualisation marque, en tant que méga-tendance, l'ensemble de notre environnement de vie et d’activité. Cela influence également la manière dont nous habitons - du moins, c'est ce que l'on dit toujours. Les résultats de l'étude Digital Real Estate 2022 de pom+ montrent toutefois que l'importance des nouvelles formes d'habitat pour le secteur immobilier est jusqu'à présent faible. 

L'individualisation de la société se manifeste par la liberté de choisir ce qui nous convient le mieux. Qu'il s'agisse d'un concept de vie, d'un parcours professionnel ou d'une vision du monde, le standard a fait son temps. Cela se répercute considérablement sur la manière dont nous vivons - et habitons - ensemble. De plus en plus de styles de vie s'écartent de la structure classique du couple ou de la famille en ce qui concerne la formation du ménage et exigent une nouvelle manière d'habiter. En font partie, outre les (grandes) communautés d'habitation, les approches de cluster et de micro-habitat, dans lesquelles des personnes occupent leur propre petit appartement, mais partagent certains espaces et infrastructures sans être apparentées ou vivre en couple. 

Ces nouvelles formes d'habitat font l'objet de discussions persistantes depuis des années. A juste titre ? L'édition de cette année de l'enquête Digital Real Estate de pom+ ne permet en tout cas pas de conclure que le secteur immobilier se prépare à un changement immédiat. Avec un score de 1,46, les quelque 200 cadres et spécialistes interrogés attestent certes d'un impact moyen sur le secteur des nouvelles formes d'habitat, mais presque tous d'une faible influence sur leur propre activité. Ce n'est que dans les domaines de la planification et du property management que les personnes interrogées ressentent déjà des changements. Pas moins de 17 % des personnes interrogées indiquent qu'elles réagissent déjà à la tendance, tandis que plus de la moitié des sondés (56 %) ne s'attendent à une réaction à grande échelle sur le marché que dans trois à cinq ans, voire plus. 

Appréciations de l'expert

  • Les résultats de cette étude ne sont pas étonnants. Selon l'Office fédéral de la statistique, le nombre moyen de personnes par ménage privé suisse a continuellement diminué entre les années 30 et 90. Depuis, un plateau a toutefois été atteint. Celui-ci reflète toujours l'individualisation persistante, mais affecte sensiblement moins les structures de l'habitat. 
  • Il convient de garder à l'esprit que les "nouvelles formes d'habitat" ne sont pas une notion clairement définie et qu'elles évoluent en permanence. Le dénominateur commun des nouvelles formes d'habitat est la cohabitation communautaire dans des groupes plus grands et socio culturellement hétérogènes. Avec le départ à la retraite des baby-boomers, le logement des personnes âgées en fait par exemple partie. L'augmentation de la mobilité entraîne également la création d'un nombre croissant de appartements meublés. Cela implique une un décalage des réflexions de la planification en faveur de la gestion. En Suisse, le fait de posséder son propre logement devrait rester la norme sociale pour l'instant - dans ce sens, il n'y a pas de besoin urgent d'agir de la part des maîtres d'ouvrage ou des investisseurs institutionnels. 
  • Les logements en clusters, micro-logements et logements en halle restent pour l'instant un phénomène marginal peu évolutif. Les changements qui y sont liés se limitent pour l'instant à des concepts de gestion et de financement qui doivent s'adapter : La numérisation croissante et la poussée de productivité qui l'accompagne rendent peu à peu planifiables et plus économiques les constellations de logements flexibles et éphémères. 
  • Par ailleurs, l'individualisation n'est pas la seule évolution à avoir des répercussions sur les nouvelles formes de logement. Le processus de formation et la mobilité internationale croissante ont également une influence sur les concepts de gestion et les solutions numériques pour des formes de logement flexibles avec une forte fluctuation des locataires. Outre la construction de logements suburbains, qui reste forte, les maîtres d'ouvrage devront de plus en plus se pencher sur le conseil dans les domaines du Facility Management ou de la gestion et de la numérisation. 
  • Je considère que l'impact temporel est réaliste. Le secteur de la construction avance toujours à tâtons et avec prudence en ce qui concerne les tendances ; les réglementations, les influences macroéconomiques et le long horizon de placement de l'immobilier ne permettent guère de corrections de direction à court terme. De plus, il n'existe encore que peu d'enquêtes spécifiques sur la diffusion de nouvelles formes d'habitat en Suisse. La timidité du "moyen terme" en ce qui concerne l'importance des nouvelles formes d'habitat est l'expression du fait que le changement est certes enregistré, mais que les connaissances concrètes et les mises en œuvre correspondantes sont encore dans les starting-blocks, jusqu'à ce que les pionniers vérifient la demande et prouvent l'applicabilité, l'évolutivité et surtout la rentabilité. 

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À propos de l'étude

Depuis 2016, l'enquête Digital Real Estate recense chaque année l'état de la transformation numérique du secteur de la construction et de l'immobilier en Suisse et, depuis 2019, également en Allemagne. Le livre blanc présente la situation actuelle dans les deux pays en se basant sur les estimations de différents dirigeants et professionnels de la branche et est étayé par l'expertise des conseillers de pom+Consulting SA.

L'étude peut être téléchargée gratuitement.

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