Le BIM divise les esprits. Une critique courante est le coût supplémentaire de la phase de construction. Mais le BIM rend-il vraiment la construction plus chère ? Diverses études concluent que l'utilisation du BIM est financièrement intéressante, pour autant que les bases soient bonnes.
Ceux qui construisent le savent : il n'y a guère d'autres activités comparables qui exigent davantage de collaboration, d'itération et de communication. Dans le monde en réseau, cette collaboration est intégrée, automatisée et surtout basée sur des modèles. Il n'est donc pas étonnant que le Building Information Modeling (BIM) soit en plein essor : dans l'étude Digital Real Estate 2024 de pom+Consulting, 40 % des plus de 120 cadres et professionnels interrogés confirment qu'ils utilisent déjà le BIM. Un cinquième (21 %) est actuellement en train d'introduire la méthodologie.
Pourtant, la construction avec le BIM n'est pas exempte de controverses. Trop complexe, trop cher, trop technique, critiquent de nombreux utilisateurs et maîtres d'ouvrage. Et se demandent à mots couverts si le surcroît de travail en vaut vraiment la peine, tant lors de la construction que plus tard, lors de l'exploitation.
Cinq facteurs d'influence sur le retour sur investissement
De nombreuses études et recherches sur le retour sur investissement de la BIM confirment les avantages potentiels tels que le gain de temps, l'amélioration de la précision de la planification et la réduction des coûts. Une analyse systématique de Sompolgrunk et al. (2021) a ainsi mis en évidence cinq facteurs centraux qui influencent le retour sur investissement (ROI) de la BIM : Réduction des coûts grâce à une meilleure qualité de planification, augmentation de la productivité, réduction des demandes d'informations et des retouches ainsi que diminution des ordres de modification. Selon l'étude, l'utilisation du BIM permet même de réaliser des économies de 10 à 20 %, en particulier pour les projets de construction complexes.
Toutefois, les valeurs de retour sur investissement indiquées varient fortement d'une étude à l'autre. En 2011, l'American Society of Civil Engineers a publié une étude qui estimait qu'un retour sur investissement de 140 % était réaliste. Deux ans plus tard, des doctorants de l'université de Floride ont en revanche calculé des valeurs à partir de 16 pour cent. Ces variations s'expliquent par la nature du BIM, qui dépend du projet.
Dans la pratique, les pourcentages mentionnés ci-dessus ne sont probablement pas réalistes. En revanche, plusieurs études de cas soulignent que les avantages financiers de la BIM varient en fonction du type de projet.
Projets d'infrastructure avec BIM
L'expérience empirique dans le quotidien des projets montre que la durée des projets de construction avec BIM est en moyenne significativement plus courte que celle des objets construits de manière traditionnelle. Pour de nombreuses constructions, cela se traduit par des économies de coûts grâce à la réduction des frais d'investissement. Alors que la phase de planification a tendance à entraîner des coûts plus élevés, les coûts d'exécution peuvent être réduits dans de nombreux cas.
La productivité globale augmente donc également, comme le confirme le Masterplan BIM Bundesfernstrassen (2021) du ministère fédéral allemand des transports et de l'infrastructure numérique, même s'il apporte une précision : « [Il faut] tenir compte du fait que le secteur de la construction doit d'abord passer par une phase de montée en puissance et d'investissement avant que les économies potentielles ne soient pleinement réalisées. Des économies dues à une meilleure qualité de planification et à la sécurité des quantités sont cependant déjà réalisables à court terme ».
Un constat similaire a été fait dans le secteur de la distribution d'électricité. Dans un projet en cours de distribution d'énergie et de stabilité du réseau, le BIM permet d'améliorer la précision de la planification, d'optimiser le contrôle des coûts et de réduire considérablement les coûts supplémentaires. Des estimations prudentes prévoient des économies de coûts de 2 à 5 pour cent dans l'élaboration du projet et évaluent les coûts supplémentaires potentiels sans BIM à plus de 1,5 million de francs. Ces économies résultent de l'intégration et de la coordination transparentes de tous les membres de l'équipe de projet ainsi que de l'utilisation d'environnements de données communs (CDE), un environnement numérique sur lequel toutes les informations pertinentes, telles que les plans, les modèles, les documents et les rapports, sont stockées de manière centralisée, gérées et rendues accessibles à toutes les parties prenantes du projet.
Gains d'efficacité et de productivité
La comparaison directe entre deux grands projets de construction presque identiques dans le nord-ouest de la Suisse montre également comment le BIM peut être rentable. L'un des ouvrages a été conçu et construit selon la méthode « traditionnelle », l'autre selon la méthode BIM. Alors que le projet BIM comptabilisait initialement des coûts de construction plus élevés, l'utilisation de la méthodologie a permis de réduire les coûts supplémentaires de 10 % et donc de diminuer considérablement les coûts pendant la phase de construction.
Autodesk Revit, un logiciel BIM bien connu, a réalisé dès 2014 une analyse des gains d'efficacité basée sur un modèle de calcul du retour sur investissement. Ce modèle prend en compte, la première année, aussi bien les coûts des logiciels que les coûts du travail et la productivité. Il en ressort que la plus grande influence sur le gain d'efficacité provient des pertes ou des gains de productivité. En moyenne, l'analyse de dix projets a permis de constater des économies d'environ 2 %.
La base du succès du BIM
En dépit des résultats de toutes les études, le BIM ne peut pas être considéré comme rentable en soi. Pour que la construction basée sur des modèles conduise effectivement à des gains d'efficacité et à des réductions de coûts mesurables, certaines bases doivent être remplies.
Pour commencer, il est essentiel de définir des objectifs clairs pour l'utilisation du BIM et d'établir une stratégie à long terme couvrant l'ensemble du cycle de vie d'un ouvrage. Dans ce contexte, le succès du BIM dépend en grande partie de la qualité des données disponibles : Celles-ci doivent être complètes, actuelles, cohérentes et accessibles à tout moment à tous les acteurs du projet. Afin de garantir une collaboration interdisciplinaire entre toutes les disciplines, celles-ci doivent pouvoir échanger les informations pertinentes en temps réel.
Un autre facteur est la disponibilité d'un personnel qualifié ayant des connaissances suffisantes en BIM. Des formations régulières et continues sont indispensables pour garantir une utilisation efficace de la technologie BIM dans les entreprises.De plus, il faut disposer de solutions logicielles performantes et compatibles qui permettent l'interopérabilité avec d'autres systèmes.Des normes et des directives uniformes garantissent que tous les intervenants travaillent selon les mêmes règles, tandis qu'une mise en œuvre précoce du BIM, idéalement dès la phase de planification, permet d'exploiter le potentiel de réduction des coûts et de minimisation des risques.Un contrôle, une adaptation et des processus de feedback réguliers garantissent que le BIM est optimisé en permanence et qu'il permet d'obtenir le retour sur investissement (ROI) souhaité.
Comment nous vous aidons.
pom+ aide les propriétaires immobiliers et les gestionnaires de portefeuille à développer et à mettre en œuvre une stratégie BIM, ainsi qu'à élaborer les bases de commande qui en découlent pour les projets de construction. En accompagnant le transfert et l'assurance qualité des données pertinentes dans les systèmes cibles, le flux de données est assuré de l'étude de projet à l'exploitation.